mercredi 7 janvier 2015

The Adventures of Buckaroo Banzai across the 8th Dimension (W. D. Richter, 1984)

Comment ça claque !

Le pitch 
Scientifique, chirurgien, artiste martial, aventurier et rock star (rien que ça !), Buckaroo Banzaï vient de faire une percée significative dans le milieu de la recherche en accédant à la 8e dimension. Mais les lectroïdes noirs (rasta, même), des extraterrestres venus de cette fameuse dimension (ou de la planète 10, ce n'est pas clair), veulent récupérer son surpropulseur pour en interdire l'accès (je crois). En outre, le professeur Emilio Lizardo, dont l’esprit a été contaminé par un lectroïde rouge il y a bien longtemps, compte également s’emparer de l’appareil. Heureusement Buckaroo peut compter sur ses fidèles acolytes eighties, dont un cowboy chirurgien, et qu’est-ce que the fuck je suis en train de raconter ? 

Le casting dont on se souvient 

Bonjour, c'est bien ici le casting pour Docteur Who ?
Peter Weller n’est pas seulement le fabuleux Buckaroo Banzaï, il est surtout un des mentons les plus connus de Hollywood puisqu’il interprétait Alex Murphy, alias Robocop dans le film de Verhoeven. Sinon il joue dans Le Festin nu (David Cronenberg adaptant William S. Burrough… vous pouvez tenter mais évitez de manger avant), dans Planète hurlante (sympathique série B de Christian Duguay) ou Maudite Aphrodite de Woody Allen. Et dans la saison 5 de Dexter, ok. Et il jouait dans un groupe de jazz avec Jeff Goldblum. Si, si, c’est pas des blagues. D'ailleurs...


Je pense qu'il faut que je prenne un peu de temps pour réfléchir à ma carrière.

Jeff Goldblum est aussi dans ce film. C’est d’ailleurs un des rares qui a l’air de s’amuser. Bon, on ne le présente plus, mais on va le faire quand même : Goldblum, c’est la Mouche de Cronenberg, le professeur Malcolm de Jurassic Park, le scientifique juif (vous vous souvenez de son nom vous ? Moi pas) d’Independance Day… tout le monde aime Jeff Goldblum, alors on va pas dire de mal de son costume dans ce film. Mais il mériterait. 

Je suis calme... je suis caaaaaalme...
Ce film c'est la chance de ma vie, je vais tout défoncer !


John Lithgow : s’il y a un mec dont vous vous souviendrez dans Buckaroo Banzaï, c’est le professeur Emilio Lizardo. Autant la plupart des comédiens ont l’air de ne pas du tout savoir ce qu’ils foutent là, autant Lithgow est parti sur un postulat très simple : je comprends rien, mais j’en fais des caisses. En totale roue libre, il explose à chaque réplique, mythonant un accent italien incroyable (apparemment inspiré de son maquilleur sur le tournage) et enterre jusqu’à l’idée de subtilité. Si sa tête vous dit quelque chose, c’est qu’on l'a vu un peu partout depuis, de 3e planète après le soleil à Dexter (oui, le Trinity Killer, c’est lui), en passant par How I Met your Mother (le père de Barney). Et il fut paraît-il le premier choix pour incarner Doc Brown dans Retour vers le futur. D’ailleurs puisqu’on en parle… 

Nom de Zeus, qu'est-ce que je fous là ?


Christopher Lloyd est évidemment mondialement connu pour son rôle d’Emmet Brown dans Retour vers le futur (Zemeckis, 1985, dont je ne parlerai pas parce que faut pas déconner), et plein de petits rôles par ailleurs (le dernier marquant étant le professeur dans le très bon Piranha 3D d’Alexandre Aja). Bon, par contre dans Buckaroo Banzaï il ne sert absolument à rien, à part à avoir un nom rigolo (John Bigbooty). 

Les scènes cultes 
 
Je vais viiiiiiite !

Au début du film, vous avez encore un peu d’espoir devant la Ford tunée de Buckaroo qui s'élance très très très vite. Puis, quand vous commencez à bailler (parce que la scène est longue), vous le voyez brancher son surpropulseur, qui ressemble beaucoup à un convecteur temporel de contrebande libyenne. Et vous commencez à comprendre dans quel genre de film vous êtes.

C'est la folie dans les studios !

Le concert : oui parce que Buckaroo Banzaï, ce n'est pas qu'un pilote/scientifique/aventurier, c'est aussi une rock star de fou qui incendie les salles de concert du New Jersey et sent quand son public s'ennuie. Une des nombreuses scènes surréalistes du film, autant visuellement que musicalement.

Ne bouge pas. Sa vision est basée sur le mouvement !
Pendant une course-poursuite dans le laboratoire secret de Buckaroo, au détour d’un débarras, nos amis tombent sur une pastèque. Goldblum  : « Qu'est-ce qu'elle fait là cette pastèque ? - Je t'expliquerai plus tard. » On n'en saura jamais plus. Ainsi naissent les légendes.

Et aujourd’hui, qu’est-ce que ça donne ? 
Les Aventures de Buckaroo banzaï à travers la 8e dimension est devenu dans les milieux autorisés un nanar culte, ne serait-ce que grâce à son titre improbable. Mais personnellement je le trouve beaucoup trop perché pour ce statut. Oui, même moi, qui ai dû voir Turkish Star Wars trois fois et qui ai résisté à Arrête de ramer, t’attaques la falaise !, le dis et le soutiens : ce film est barré au-delà du raisonnable, au-delà de la barrière du nanar. Avec son scénario aux tiroirs non euclidiens, il possède un potentiel énorme, mais il manque de tonus et, surtout, les acteurs ont l’air de s'ennuyer à crever sans aucune direction. 

Au premier rang : Peter Weller, qui n’exprime rien de tout le film ! Son personnage, pourtant central, est un néant absolu, sans âme. Inspiré de Doc Savage, héros de pulp des années trente, il lui manque une profondeur, ou au moins un gramme de charisme. Ses comparses costumés sont essentiellement ridicules (ou transparents, ça dépend), et sa copine est une demoiselle en détresse sans intérêt. En face, par contre, les méchants sombrent dans l’excès inverse. Les lectroïdes sont souvent drôles : ils s'appellent tous John, sont cons comme des bûches, Christopher Lloyd est le bras droit le moins coopératif de l'histoire des méchants, et John Lithgow a pété un fusible et réinvente le cabotinage à chaque mouvement de sourcil.

Mais si j’éprouve tout de même une certaine tendresse pour LAdBBàtl8D (oui, ben trouvez une abréviation, vous, si vous êtes si forts), c’est pour sa dimension SF typiquement années quatre-vingt. Le pick-up tuné de Buckaroo, avec son surpropulseur, est clairement une tentative (ratée) de reproduire les véhicules iconiques de l'époque (DeLorean, Ecto-1...). Les extraterrestres de pacotille, les explications pseudo-scientifiques, les dimensions parallèles, la percée vers le space opéra avec des combats spatiaux… le film déborde de tous les côté et est un exemple typique de la démarche scénaristique de cette époque : reprendre une thématique SF/fantastique classique et l’adapter au format formicapunk. La Guerre des mondes devient ET, Moby Dick devient Les Dents de la mer, l’exorcisme Ghostbusters, le voyage dans le temps Retour vers le futur… et le pulp scientiste tendance Doc Savage se transforme en Buckaroo Banzaï

Le problème (enfin, un des problèmes), c’est qu’il part dans tous les sens, avec ses aliens jamaïcains, ses dimensions perpendiculaires, son scénario qui dégouline largement au-delà de la pelloche, ses visuels pouilleux, ses personnages qui se veulent hauts en couleurs mais sont en fait terriblement plats, sans substance autre qu’un surnom un peu con (Rawhide, Perfect Tommy, New Jersey…). On devine que le scénariste (avant d’entrer à l’asile) voulait développer toute une mythologie autour de ces personnages, mais à aucun moment l’essai n’est transformé. Même aujourd’hui je le trouve difficile à regarder sans m’endormir, malgré son potentiel nanar. Mais bon, il est bon de l'avoir vu. Rien que pour s'en vanter en soirée.

Bonus 
Le générique de fin est un faux plan-séquence assez boiteux où tous les acteurs viennent marcher face caméra, sur une musique toute pourrie. Mais surtout elle annonce la suite, The Adventures of Buckaroo Banzai: Against the World Crime League. Suite qui bien sûr ne verra jamais le jour, le premier film s’étant monumentalement vautré au box-office. Mais qui sait, un remake viendra peut-être nous éclairer sur le scénario ?

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