mercredi 25 février 2015

Nine 1/2 Weeks (9 semaines 1/2, Adrian Lyne, 1988)

Tout est bon pour attirer des gens sur mon blog !

Quelque temps après son divorce, une galeriste new-yorkaise rencontre un séduisant et mystérieux financier. Ils vont vivre une relation torride (pendant un peu plus de deux mois, d’où le titre), où l’homme va exercer une domination de plus en plus forte, jusqu’à l’inévitable éclatement. 

D’où ça vient ? 
En ces temps de 50 Nuances de Grey, je me suis dit qu’il était temps de parler de vrais films traitant des problématiques de domination. J’aurais bien évoqué Secretary (La Secrétaire, Shainberg, 2002), mais on aurait été loin des années quatre-vingt (je vous le conseille néanmoins, c’est nettement mieux que Fifty Shades of mes couilles). Retour donc en 1988 avec ce film totalement culte adapté du moins culte livre éponyme d’Elizabeth McNeill. 

Adrian Lyne.
"Non, prends-la plutôt sur la commode, le parquet c'est trop confortable !"

Le réalisateur, Adrian Lyne, est bien connu des cinéphiles puisqu’il a réalisé Flashdance (euh…) et surtout Jacob’s Ladder (L’Échelle de Jacob, 1990), un film à l’ambiance horrifique fascinante qui a notamment beaucoup influencé le jeu vidéo Silent Hill. Lyne a une réputation de réal borderline, qui aime bien traiter de sujets délicats. Dans cette optique, on se doute que 9 Semaines 1/2 s’éloigne pas mal de la fanfiction de Twilight

Aujourd’hui, qu’est-ce que ça donne ? 
Le film est lent, et marqué par l’esthétique urbaine des eighties : ruelles sombres et humides, avenues encombrées avec stands de hot-dogs, vapeur et fumée... les New-yorkaises portent des choucroutes sur la tête et des vestes à épaulettes, les hommes de grands manteaux sombres. Mais tout s’y prête, et Lyne connaît son boulot : on n’est pas là pour raconter Le Seigneur des anneaux, mais pour entrer dans l’intimité d’une relation passionnée et ponctuelle. 
Le couple Elizabeth/John (Gray… bon sang, pourquoi est-ce que tous les hommes fascinés par la domination s’appellent Gray ? Dans 9 Semaines 1/2, dans La Secrétaire, dans 50 Shades… !) est dysfonctionnel, mais il s’inscrit dans le temps. La relation est courte (puisqu’elle dure neuf semaines… et demie… ouais, bon, vous vous en doutiez), et à la fin Elizabeth, n’y trouvant plus son compte, renonce et lâche l’affaire (ah, ouais... spoiler ! Ouais, trop tard, je sais). 
C’est d’ailleurs la grande différence avec 50 Shades, où le consentement n’entre guère en considération. Dans 9S1/2, Elizabeth expérimente, mais quand ça va trop loin elle arrête les frais, et John accepte. On m'objectera que 50 Shades relève du pur fantasme, alors que 9S1/2 est nettement plus réaliste dans son approche.
Les comédiens sont impeccables, et heureusement parce qu'ils en ont chié : Lyne étant un réalisateur du type « connard », il a sciemment manipulé les émotions de Kim Basinger et Mickey Rourke sur le tournage pour obtenir les performances qu’il attendait. Il les empêchait de communiquer en dehors du plateau, faisait circuler des rumeurs sur l’un ou l’autre, attribuait des notes aux performances de Rourke mais pas à celles de Basinger, rien que pour l’énerver… Il a été jusqu'à filmer le tout dans l’ordre chronologique des scènes (ce qui est moins pratique et plus cher), juste pour que l’agacement réel et croissant de Basinger se traduise dans le film par la montée de l'angoisse de son personnage. 

Ah, la scène érotique sous la pluie froide d'une ruelle sordide.
Vous avez déjà essayé ? Faut être vraiment très, très, très excité.
Ah, et parlons un peu des scènes de cul. À l’époque, le film était complètement carré blanc (pour les plus jeunes, c’était un petit signal en bas de l’écran qui indiquait qu’il fallait rester attentif et se cacher des parents). Aujourd’hui il fait pâle figure à côté de n’importe quel épisode de Game of Thrones. Mais il faut reconnaître que ces scènes érotiques le sont diablement (même si techniquement on doit voir un derrière et un téton qui se balade). Ah, et non, ce n’est pas le vrai « cul en forme de cœur » de Basinger qu’on voit dans les scènes de dos, elle avait une doublure corps sur le tournage. 

Les scènes cultes 

Je suis ton ami... ton ami c'est moi...
 
Bon, difficile d’y couper : la scène du strip-tease de Basinger, monument du genre, sur You Can Leave Your Hat On de Joe Cocker. Mais saviez-vous que c’est Randy Newman qui l’a composée ? Oui, le mec qui a écrit les musiques de Toy Story. À noter que la bande originale du film contient aussi Slave to Love, de Brian Ferry, qui semble particulièrement adapté à l’intrigue. 

Le casting 

Bonjour, je suis Kim Basinger.
Vous m'avez déjà vu dans Batman, Cool World et L.A. Confidential,
où je pète la classe par tous les trous.

Kim Basinger 
Aujourd’hui, si vous dites « Kim Basinger » à un ado, il va juste demander si c’est un jeu multi ou solo. Mais dans les années quatre-vingt, c’était le summum de l’érotisme, avec Sharon Stone et Cindy Crawford. Le rôle fut disputé puisque avant elle ont été envisagées Kathleen Turner, Sigourney Weaver, Andie MacDowell, Teri Garr, Demi Moore, Isabella Rossellini, Tatum O’Neal et Dominique Sanda. 

Bonjour, je suis Mickey Rourke; et à l'époque je ressemblais vaguement à Bruce Willis.
Enfin, au Bruce Willis de l'époque. Aujourd'hui je ressemble plutôt à Danny Trejo.

Mickey Rourke 
À l’époque, pareil, c’était the beau gosse, l’ultimate BG. Depuis il s’est fait cassé la gueule un paquet de fois, ce qui ne lui a pas trop mal réussi puisque son facteur charisme a explosé. Aujourd’hui Rourke est connu pour son rôle anecdotique mais mémorable dans The Expendables et surtout celui de Marv dans Sin City. Et de Whiplash dans Iron-Man 2 (le seul truc dont je me souvienne dans ce film). Une voix caverneuse et un physique de monstre de foire, ça marque. 

Bonus 
Saviez-vous qu’il y a eu une suite à 9 Semaines 1/2, intitulée Love in Paris (ou, plus putassièrement, Another 9 Weeks 1/2) ? Je ne l’ai pas vu, donc je ne vais pas trop baver dessus, mais vu la bande-annonce, ça ressemble à un mauvais soap opera, filmé caméscope à l’épaule, Mickey Rourke a sans doute été payé en « vacances gratuites à Paris » et… bref, ça a l'air à chier sur les murs.

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