mercredi 18 février 2015

Romancing the Stone (À la poursuite du diamant vert, Robert Zemeckis, 1984)

« Romancing the Stone », c’est de l’argot de joaillier.
Comme c’est apparemment intraduisible en français,
on est parti sur un titre plus explicatif, qui a le mérite de rester dans les mémoires :
À la poursuite du diamant vert.
Au moins on évite les noms de personnage :
il aurait sans doute fallu mettre en avant ou Wilder ou Colton,
et ils fonctionnent en tandem à peu près équivalent.

Romancière new-yorkaise, Joan Wilder reçoit un appel à l’aide de sa sœur. Celle-ci a été enlevée en Colombie et Joan doit rapporter là-bas la rançon : une mystérieuse carte au trésor menant à une non moins mystérieuse pierre. Bien sûr Joan n’a aucune prédisposition pour ce genre de voyage, et elle va tomber chemin faisant sur Jack T. Colton, aventurier Américain charmeur et exilé. Ensemble, ils affronteront les arnaqueurs, les trafiquants de drogue et les militaires corrompus qui font tout le charme de l’Amérique du Sud. 

C’est beau la Colombie hein ?
Bon en fait ils ont tourné au Mexique,
à cause des risques trop grands de vrai kidnapping. Boucle bouclée.
D’où ça vient ? 
L’histoire derrière Romancing the Stone est presque plus fascinante que le film lui-même. Beaucoup ont crié à la repompe des Aventuriers de l’arche perdue, sorti en 1981, mais le scénario de Romancing the Stone date en réalité de 1979 et est l’œuvre de Diane Thomas. Et si vous ne la connaissez pas, c’est d’abord parce que vous connaissez sans doute peu de scénaristes, et ensuite surtout parce que son histoire tragique ne lui a pas permis de laisser une trace. 

Serveuse à Malibu, elle a un jour l’occasion de présenter son script (tous les serveurs de Californie ont un script prêt à tourner, ça fait partie des conditions d'embauche) à Michael Douglas, qui passait par là. Celui-ci adore l’histoire et propose de produire le film. Ce dernier rencontre un beau succès et la carrière de Thomas s'annonce désormais sous les meilleurs auspices. Michael Douglas lui offre une Porsche pour la remercier, elle commence à travailler sur un nouveau projet avec Steven Spielberg, et... elle se tue lors d’un accident avec ladite Porsche. La suite de Romancing the Stone, The Jewel of the Nile (Le Diamant du Nil, Teague, 1985), lui est dédiée. Un troisième opus, The Crimson Eagle (L’Aigle écarlate ?), aurait dû voir le jour mais le faible succès du Diamant du Nil fait annuler le projet. Elle aurait dû se passer en Thaïlande, Joan et Jack ayant deux enfants. 

Mais revenons au premier film : à l'époque, les dirigeants de la 20th Century Fox étaient convaincus qu'il allait faire un four. Ils avaient perdu toute confiance dans le réalisateur débutant Robert Zemeckis, au point qu'ils le virèrent de la réalisation de Cocoon avant même que Romancing the Stone ne sorte en salles ! Finalement le succès fut  tel que le réalisateur put enchaîner sur son propre projet, un long-métrage anecdotique avec Michael J. Fox, Christopher Lloyd et une DeLorean tunée dont vous avez peut-être entendu parler. 

Bob Zemeckis. Sans doute un de mes réalisateurs préférés.
Oui, parce qu’on va quand même parler un peu de Bob Zemeckis, sans doute un des réalisateurs les plus emblématiques des eighties. Zemeckis, c’est le premier Spielberg-like auquel on pense, et d’ailleurs sa filmographie est à mon avis limite plus mémorable que celle de Steven. Back to the Future (Retour vers le futur – les trois !), Who Framed Roger Rabbit? (Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, 1988), Forrest Gump (1994), Contact (1997), Cast Away (Seul au monde, 2000)… des films qui ont profondément touché le grand public (tous produits par Spielberg). Zemeckis est un des cinéastes qui ont su passer de l’entertainment pur des eighties aux histoires plus sérieuses et introspectives des nineties, en acquérant au passage l’estime des critiques. Ce n’est pas rien, et tous ne s’en sont pas si bien sortis. 


Les gentils méchants, qui ne font que kidnapper et être rigolos,
par opposition aux méchants méchants, qui tuent et portent du kaki.

Et aujourd’hui qu’est-ce que ça donne ? 
Romancing the Stone fait partie de ces films que tout le monde a vus, et un peu oubliés (même s’il doit passer une fois par an à la télé). Il est typique des eighties, dans son esthétique (coiffure à choucroute, mulettes, 4L…) comme dans son histoire enfilant les clichés des romans d’aventure tout en s’en moquant gentiment. 
On est loin des Aventuriers de l’arche perdue, mais on ne copie pas exactement la même chose : Indiana Jones parodie les pulps, Wilder et Colton parodie les romances à l’eau de rose. À l’arrivée, le film remplit son office. On passe un bon moment, DeVito est rigolo, Turner et Douglas attachants, et on peut même trouver le couple assez réussi et complémentaire : ce n’est pas Colton qui fait tout le boulot, Wilder aussi débloque certaines situations, et globalement l'un ne s'en sortirait pas sans l'autre. Les musiques sont d’Alan Silvestri, qui reviendra officier sur tous les films de Zemeckis par la suite. Pas le meilleur film du monde, mais difficile à détester ! 

 
La 4L, « l’ami fidèle ».
Non, je déconne pas, c’était à l’époque la voiture la plus vendue en Colombie,
et les pubs télé la présentaient effectivement comme « El amigo fiel ».

Le casting 

Dans trente ans, je joue Liberace.
Michael Douglas 
Oui ben Michael Douglas, quoi ! Le fils de Kirk Douglas qui ressemble à Dave. Qui dans les eighties a souvent été associé à Kathleen Turner : Romancing the Stone et sa suite, bien sûr, mais aussi La Guerre des Rose (DeVito, 1989), comédie dramatique sur le divorce plutôt sympathique. 

Dans quinze ans, je joue le père de Chandler Bing.

Kathleen Turner 
Qu’elle était belle, la femme fatale des années quatre-vingt. Turner a joué avec les meilleurs (Coppola, Waters, Huston…), son timbre profond lui a permis de doubler Jessica Rabbit et elle est même revenue après un petit passage à vide dans Virgin Suicide (Sophia Coppola, 1999). Mais comme par la suite elle a pris un peu de poids on la retrouve dans le rôle du père (oui, père) de Chandler dans Friends en 2001. 

Dans huit ans, je joue... le Pingouin ?
Danny DeVito 
Le nabot le plus célèbre de Hollywood avant Peter Dinklage. Danny DeVito est connu pour promener son physique courtaud dans bon nombre de comédies (souvent avec Schwarzenegger, ce qui n’est pas un gage de qualité), mais c’est aussi un comique de télévision très apprécié, notamment pour la série Taxi (rien à voir avec Sammy Nacéri) avec l’inclassable comédien Andy Kaufman (si vous ne connaissez pas, je vous suggère le film Man on the Moon, Shapiro, 1999). Et il a réalisé Matilda en 1996, que beaucoup de fans de Roald Dahl adorent. 

Bonus
Une série télé Romancing the Stone est en pourparlers depuis quelques années. Impossible de trouver un bout de pilote, mais ça pourrait être rigolo, le principe du couple désassorti partant à l'aventure faisant toujours recette. Dommage que ça ait déjà été fait cent cinquante milliards de fois, va falloir bosser dur pour faire un truc bien. S'ils prennent Nathan Fillion et Jenna Fischer, ça peut être cool. Mais les rumeurs ont plutôt parlé de Gerard Butler et Katherine Heigl.


Casting pressenti. Bon, pourquoi pas ?
Casting idéal (oui, je suis en train de finir The Office en ce moment !)

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