mercredi 4 février 2015

Planes, Trains and Automobiles (Un ticket pour deux, John Hugues, 1987)

Ok, ok, je sais que vous avez l'impression de déjà connaître
le scénario du film rien qu'à voir l'affiche. Et vous savez quoi ?
Vous avez raison. Mais c'est quand même bien.

Le pitch 
C’est Thanksgiving et Neal Page, un marketteux sérieux qui travaille trop loin de sa famille, veut rentrer la retrouver. Il s’en va donc prendre l’avion pour Chicago, parce que dans les films de John Hugues tout tourne toujours autour de Chicago, sauf que y a la tempête, et du coup il peut pas rentrer. Mais il tombe sur Del Griffith, ventripotent vendeur d’anneaux pour rideaux de douche, qui va l’aider tout en lui pourrissant la vie comme jamais. 

D’où ça vient ? 
Je vous ai déjà parlé de John Hugues. Si, ici, faites pas comme si c’était pas vrai ! Hugues est un des réalisateurs de comédies les plus cultes des eighties, j’ai parlé de The breakfast Club et de La Folle Journée de Ferris Bueller, qui sont relativement peu connus du grand public français, mais vous connaissez forcément ce film de Noël réalisé par Chris Columbus et dont Hugues a signé le scénario : Home Alone (Maman j’ai raté l’avion, 1990). 

Écrire une légende sous une légende, c'est bizarre...

Toujours est-il qu’en 1987, John Hugues, c’était un monstre sacré de la comédie, mais qu’il était surtout connu à travers ses films pour et sur la jeunesse. Avec Planes, Trains and Automobiles (rebaptisé Un ticket pour deux en VF, et pour une fois je vais pas râler parce que je trouve le titre original très étrange), il s’attaquait à une comédie plus adulte quoique bon enfant. Et avec un certain brio. 

Et aujourd’hui, ça donne quoi ? 
PT&A est une comédie comme on en a vu trois millions à peu près, où deux personnages que tout oppose sont contraints de s’entraider pour parvenir à leurs fins. D’un côté le sérieux Neal Page, chargé de marketing, propre sur lui qui va vivre sa période « Pierre Richard puissance dix ». De l’autre Del Griffith, VRP bavard et crade, le cœur sur la main mais maladroit dans tous les sens du terme. L’humour venant ici des catastrophes que va vivre Neal au fur et à mesure, et bon sang il va manger bon ! 
Au début, je l’ai senti assez mal, ce film. Tout semblait très plan-plan, on devinait ce qui allait se passer : ils allaient s’associer, des problèmes allaient se déclencher, Neal allait encaisser sans rien dire jusqu’au deux tiers du film environ puis ils allaient s’engueuler, se barrer chacun de son côté, et quand Neal allait se retrouver face à une difficulté imprévue Del allait débarquer de nulle part pour l’aider à la surmonter et tout le monde se retrouverait en famille pour manger la dinde (oui, je pourrais être scénariste, et alors ?). Eh ben non en fait. Déjà, ils s’engueulent dès le premier tiers du film. Par la suite, ils se croisent et se recroisent, s’aident parfois, parfois pas… et le final se déroule, beaucoup plus en douceur qu'on ne l'aurait cru. En revanche les déboires que traverse Neal sont littéralement homériques et vraiment, vraiment drôles. 
Ce film est un classique de Thanksgiving, un peu comme Astérix le Gaulois pour Noël chez nous (en mieux quand même), et beaucoup le considèrent comme une des meilleures comédies des années 1980. Sans aller jusque-là, il vaut le coup d’œil, plus qu’on ne le croirait. 

Le casting 


J'ai fait beaucoup de mauvais films, mais je mérite quand même mon grade de grand comédien !
 
Steve Martin est grandiose. Il incarne aussi bien le col blanc stressé qui essaie de garder son calme que le type explosant de colère devant l’incompétence de l’univers. Ses scènes plus calmes ne sont pas en reste : doté d'un visage étonnamment expressif, il arrive à faire passer beaucoup d'émotion sans dire grand-chose. 


Fun fact : TP&A était le film préféré de John Candy.
John Candy (dit « Le Regretté ») joue un personnage insupportable et attachant. Si vous ne comprenez pas pourquoi ce mec était aussi aimé, il faut vous souvenir qu’il pouvait aussi bien jouer l’entraîneur blasé de Cool Runnings (Rasta Rockett – oui, vous ne vous doutiez pas que ce n’était pas le titre original, hein ? –, Turteltaub, 1994), le frère coureur de jupons de Tom Hanks dans Splash (1984), un avocat dans JFK (Stone, 1991) ou l’animateur radio tout fou de La Petite Boutique des horreurs (The Little… attendez, j’en ai déjà parlé non ?). 

Les scènes cultes 


Je réalise soudain que cette scène m'évoque fortement La Grande Vadrouille...


La première engueulade entre nos deux protagonistes est magique : elle arrive beaucoup plus tôt qu’on ne le croirait dans le film et est particulièrement savoureuse au niveau des répliques de Neal. Del est en effet le genre de personne qui passe son temps à raconter des anecdotes inintéressantes au possible, en les estimant drôles parce qu'elles étaient drôles sur le moment. Et Neal de lui répliquer cette phrase qu'on aurait tous aimer sortir un jour aux gens qui se croient drôles sans savoir raconter : « Vous savez ce que vous pourriez donner à vos histoires ? Un sens ! Ça les rendrait tellement plus intéressantes pour l'auditoire ! » 


Je suis calme et détendu.
La scène mémorable du film. Steve Martin arrive, excédé, au guichet de la compagnie de location de voitures, il pète un plomb et se met à engueuler la vendeuse. La scène dure très précisément une minute, et le mot « fuck » est prononcé dix-neuf fois. Ce n’est pas anodin, car à l’époque prononcer ce mot dans un film le plaçait automatiquement dans la catégorie PG-13, soit « déconseillé au moins de 13 ans ». Du coup, quand on sait qu’on va être classé PG-13, on en profite et on utilise le mot aussi souvent que nécessaire, mais pas ici ! Non, Hugues n’utilise ce terme que pour cette scène, pendant ces soixante petites secondes. Le résultat, en décalage complet avec le ton du film, est hilarant. À noter que, comme souvent, la scène perd énormément de son impact une fois traduite en français. 

Bonus
Parce que la scène est définitivement grandiose, et que je sache il n'y a eu ni remake, ni série télé, ni rien adapté du film... 

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